Grèce: heurts entre agriculteurs en colère et policiers en Crète
Des dizaines d'agriculteurs en colère se sont heurtés lundi aux forces antiémeutes grecques à La Canée, en Crète, alors qu'ils protestent dans toute la Grèce contre les retards dans le versement d'aides au secteur, en lien avec une vaste fraude aux subventions européennes.
Des agriculteurs armés de pierres et de bâtons ont saccagé des véhicules de police positionnés pour tenter d'empêcher les manifestants d'atteindre l'aéroport international de La Canée, situé près de cette ville de l'ouest de la Crète, selon des images diffusées par la télévision publique ERT.
Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants, selon la ERT, avant de battre en retraite, permettant aux agriculteurs de renverser un véhicule de police.
A Héraklion, chef-lieu de la Crète, d'autres agriculteurs ont envahi la piste de l'aéroport international, selon d'autres images diffusées en direct.
L'aéroport, qui accueille de nombreux touristes en été, a fermé ses portes et aucun avion ne peut décoller ou atterrir, selon l'agence grecque ANA.
Alors que le mouvement de colère s'est durci, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a assuré que le gouvernement était ouvert au dialogue avec les représentants des agriculteurs mais il a aussi mis en garde contre des protestations "aveugles".
"Parfois les mobilisations les plus extrêmes peuvent retourner de larges catégories de la société contre les agriculteurs, même si ces derniers peuvent avoir des revendications légitimes", a également jugé le Premier ministre, originaire de Crète, région fortement impliquée dans ce vaste scandale qui secoue la Grèce depuis plusieurs mois.
Depuis la semaine dernière, des milliers d'agriculteurs bloquent avec leurs tracteurs des autoroutes, principalement dans le centre et le nord du pays, pour réclamer le versement de subventions de l'UE retardé par une enquête en cours du Parquet européen.
Selon les autorités grecques, ce sont plus de 30 millions d'euros de subventions de la PAC (Politique agricole commune de l'UE) qui auraient été détournées par des personnes réclamant une aide pour des terres qu'elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux.
Les éleveurs réclament également des compensations suite à l'abattage de plus de 400.000 moutons et chèvres pour empêcher la propagation d'une épidémie de variole ovine.
M.Lozano--LGdM