CNews se classe première chaîne d'info en 2025, devant BFMTV
CNews, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a poursuivi son ascension en 2025, devenant la première chaîne d'information de France par ses audiences, devant BFMTV.
C'est la première fois que la chaîne du groupe Canal+ est seule leader des audiences sur une année complète. Elle atteint 3,4% de part d'audience, soit un "record historique" pour une chaîne info, devant BFMTV à 2,8%, selon les chiffres de l'institut Médiamétrie publiés lundi.
En 2024, CNews et BFMTV étaient à égalité sur la première marche du podium, à 2,9% de part d'audience. Depuis, CNews s'est hissée en tête douze mois d'affilée.
"C'est la plus belle des réussites. CNews est en progression constante et a trouvé son positionnement éditorial", s'est félicité auprès de l'AFP Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France.
BFMTV, propriété du milliardaire Rodolphe Saadé, touche pourtant plus de téléspectateurs (45 millions en décembre contre 39 pour CNews). Mais sa concurrente bénéficie du fait que les gens la regardent plus longtemps, en particulier pour ses débats en plateau.
Dans un communiqué, BFMTV a mis en avant une "année record en audience cumulée", avec 60,4 millions de téléspectateurs au total.
Pour 2025, CNews est la sixième chaîne nationale, talonnant France 5 (3,5%) en part d'audience, et BFMTV la neuvième.
TF1 reste en tête, avec 18,7%, et France 2 deuxième, à 14,9%, perdant près d'un point sans l'effet dopant des Jeux olympiques.
Au sein des chaînes info, CNews et BFMTV devancent LCI (2%) et franceinfo (0,9%). Les quatre ont été regroupées début juin sur les canaux 13 à 16.
Pour élargir son offre, Canal+ a en outre lancé en novembre une déclinaison en streaming, CNews Prime, accessible depuis les box et sur internet.
CNews a été créée en 2017 sur les cendres d'iTélé. "Le succès, c'est la stabilité dans les incarnations" et aussi l'arrivée de "nouveaux talents", vante M. Viret, évoquant "une famille".
Parmi ses têtes d'affiche figurent Pascal Praud (et ses émissions quotidiennes "L'heure des pros"), Laurence Ferrari, Christine Kelly et encore Sonia Mabrouk.
- Vives tensions -
Sur le réseau social X, le dirigeant de Canal+ France a remercié notamment Vincent Bolloré, qui permet "à la chaîne d’exercer sa mission en toute confiance et en toute liberté".
"Cette dynamique et cette contribution à l’espace démocratique français se poursuivront en 2026", a-t-il promis, à l'approche de l'échéance des municipales en mars et avant la présidentielle en 2027.
La chaîne privée est régulièrement accusée par des politiques de gauche de promouvoir des idées d'extrême droite, ce qu'elle conteste.
Mi-septembre, dans un contexte explosif entre les médias de la sphère Bolloré et l'audiovisuel public, la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci a pour la première fois qualifié CNews de "chaîne d'extrême droite".
De leur côté, les médias dans le giron de M. Bolloré (CNews, JDD, Europe 1) accusent les groupes publics Radio France et France Télévisions de partialité en faveur de la gauche.
Début décembre, devant la commission d'enquête créée à l'Assemblée nationale sur la neutralité et le financement de l’audiovisuel public, Delphine Ernotte Cunci a jugé que son groupe et CNews ne "faisaient pas le même métier".
Elle a aussi suggéré que la loi évolue pour autoriser les "chaînes d'opinion".
En septembre, le patron de CNews, Serge Nedjar, l'a plutôt présentée comme "une chaîne d'opinions, avec un s". "On ne roule pour personne", a-t-il affirmé au Figaro.
"On nous a beaucoup cherchés sur le pluralisme politique. L'Arcom (le régulateur de l'audiovisuel, ndlr) validera ce que nous avons fait en 2025, à la minute près", assure Gérald-Brice Viret.
Dernièrement, l'ONG Reporters sans frontières a accusé CNews de "tricher" avec les règles de l'équilibre politique pour favoriser l'extrême droite. Mais l'Arcom a dans la foulée indiqué ne pas avoir constaté de "contournement des règles" sur le mois étudié de mars.
Le régulateur a renouvelé la fréquence de CNews cette année pour dix ans, mais pas celle de C8, dans le même groupe Canal+, qui avait cumulé des millions d'euros d'amendes et a cessé d'émettre début 2025.
R.Perez--LGdM