Budget de la Sécu: à la veille du vote, le gouvernement multiplie les mains tendues
A la veille d'un scrutin qui s'annonce extrêmement serré, le patron du PS Olivier Faure a appelé ses députés à voter pour le projet de budget de la Sécurité sociale, menacé de rejet par les refus de LR et d'Horizons de le soutenir. De son côté, le gouvernement a multiplié les gestes pour tenter de convaincre, notamment les Ecologistes.
La ministre de la Santé Stéphanie Rist a annoncé avoir déposé un amendement pour augmenter l'objectif des dépenses de l'assurance maladie "de 2 à 3%". L'objectif de 2% était jugé insuffisant par beaucoup, notamment la gauche, pour suivre les dépenses nécessaires à l'hôpital comme à la ville.
Mais les écologistes, qui doivent se réunir mardi matin en réunion de groupe pour arrêter leur position de vote, ont accueilli cette annonce avec prudence.
"J'ai l'impression que les écologistes comptent pour le gouvernement depuis à peu près trois jours", a critiqué sur BFMTV lundi soir la patronne du parti, Marine Tondelier.
Elle s'est également interrogée sur la hausse annoncée par Mme Rist: "Est-ce que c'est vraiment de l'argent en plus pour les hôpitaux?", alors que la ministre a déclaré qu'elle était faite notamment pour "rendre compte du fait qu'il n'y aura pas de hausse des franchises médicales" en 2026.
L'avenir du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a renoncé à recourir au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote, pourrait dépendre du scrutin de mardi. Même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé qu'une démission "n'aurait pas de sens".
- "Pas satisfaisant" -
Le vote des socialistes comme des Ecologistes a pris une importance cruciale avec le refus des patrons de LR, Bruno Retailleau, et d'Horizons, Edouard Philippe, de soutenir ce budget. Ces deux responsables, qui ont aussi 2027 en ligne de mire, jugent que Sébastien Lecornu a fait trop de concessions aux socialistes.
Ce texte "n'est pas satisfaisant" mais "je ne suis pas partisan du chaos, je ne propose pas de voter contre", a déclaré lundi soir sur LCI Édouard Philippe, en recommandant aux députés de son parti de s'abstenir.
Chez les Républicains, l'ancien Premier ministre Michel Barnier a déclaré sur TF1 prévoir de s'"abstenir, comme d'ailleurs un grand nombre de parlementaires LR".
Moins affirmatif, le député LR Philippe Juvin a dit sur BFMTV réserver sa réponse, en résumant l'enjeu ainsi: "Est-ce qu'il vaut mieux voter un budget qui n'est pas du tout satisfaisant, celui qu'on nous propose, ou est-ce que l'absence de budget est pire?".
Sans texte l'année prochaine, le gouvernement a maintes fois averti que le déficit de la Sécu plongerait autour des 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025.
- Changement d'alliance -
Allié improbable venu à la rescousse du Premier ministre lundi, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a lui plaidé en faveur d'un "vote pour". "Le Premier ministre s'est engagé (sur la suspension de la réforme des retraites), il s'est montré fiable dans toute la discussion. Je souhaite que nous puissions à notre tour être fiables", a-t-il dit sur BFMTV/RMC.
Il a estimé avoir obtenu "toute une série d'avancées" en "faisant sauter" le gel des pensions de retraite, des prestations sociales, le doublement des franchises médicales...
Lundi soir, Boris Vallaud, le chef des députés socialistes, a confirmé au Monde que la "quasi-unanimité du groupe socialiste s'est prononcée en faveur d'un vote pour", malgré quelques députés plaidant pour une abstention. Il a espéré que la "discipline de groupe" soit "respectée" mardi.
Outre les socialistes, Renaissance, le MoDem, et le groupe indépendant Liot devraient voter majoritairement pour, quand les insoumis et l'alliance RN-UDR devraient voter contre. Les communistes se dirigent vers un vote majoritairement contre.
Les voix des écologistes -- que le sénateur Yannick Jadot a appelé "au minimum à s'abstenir" -- ou même des non-inscrits, pourraient donc s'avérer cruciales. Tout comme la répartition des voix finale chez LR et Horizons.
Sans surprise, l'annonce de M. Faure a fait bondir les Insoumis. Leur coordinateur national Manuel Bompard a dénoncé "le changement d’alliance du Parti socialiste" qui valide "une hausse du prix des mutuelles de 1 milliard d’euros, une limitation à un mois des arrêts de travail..."
Réagissant sur France Inter Gabriel Attal, le patron des députés Renaissance, s'est lui réjoui que "le travail (parlementaire) (ait) permis de dégager des compromis".
Même si il est adopté mardi, le budget de la Sécurité sociale devra faire encore un aller-retour avec le Sénat. Le projet de budget de l'Etat, encore plus clivant, est, de son côté, toujours en cours d'examen au Sénat.
L.A. Beltran--LGdM